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26 avril 2022 2 26 /04 /avril /2022 11:21

1- Pourquoi cette réunion.

Suite au vote d’une loi règlementant les distances d’épandage des produits de traitement des vignes, aux abords des maisons, les préfets ont apporté des dérogations locales, sous la pression des professionnels de la viticulture.

Le 22 mars 2021, le Conseil Constitutionnel a déclaré illégaux ces aménagements locaux et ramené la distance minimum d’épandage à 5 m des maisons, comme initialement prévu par la loi.

A Igé, quelques maisons sont concernées, en faible nombre, sans polémique jusqu’alors, mais tout de même quelques remarques et interrogations. Le mode de culture bio évitant ces épandages nocifs, l’A.I.S.E a organisé cette réunion d’information et sollicité le témoignage de 4 viticulteurs bio locaux.

2- Nos 4 invités-témoins :

- Cécile Paquet.

Installée depuis début 2021. 1,5 ha bio cultivé sur Igé. Vente du raisin et vinification par un domaine bio familial.

-Denis Berthoud.

A pris la suite de son père en 1985 et est passé en culture bio en 2014 sur 9,9 ha. Surface actuelle 5,70 ha. Les vignes bio cédées étant exploitées par des viticulteurs dont le siège d’exploitation est situé hors d’Igé. Vente du raisin bio à la récolte.

-Lionel Margotin.

Installé en 2014 sur 14 ha de vignes bio actuellement. Vinification de 11 ha sur le domaine et de 3 ha à la cave coopérative.

-Nicolas Maillet.

Installé en 1999 et passé en bio depuis 2001. 8 ha en bio et certifiés biodynamie sur la commune voisine de Verzé. Vinification sur le domaine.

3- Positionnement du bio-viticole début 2021.

En France, toutes cultures confondues, 53255 fermes sont certifiées bio en 2020, représentant 1ha sur 10ha de surface agricole utile. 2,5 millions d’ha sont cultivés en bio Pour les vignes, 22% des surfaces de vignes françaises sont cultivées en bio. Le vignoble bio est peu présent en Bourgogne, Champagne, Alsace. Très peu en mâconnais

Pour la Région, 660 domaines sont certifiés bio, dont 138 nouveaux en 2020. Soit 5 668 ha, représentant 17% du vignoble régional. La Côte d’Or est en tête et la Saône et Loire « à la traine ».

En Saône et Loire, 1452 ha de vignes certifiés bio. A Igé, 2 sièges d’exploitation. Quelques uns à Prissé, Lugny, Clessé, Verzé. Aucun à Chevagny, La Roche Vineuse, Saint Maurice.

4- La culture en bio.

Aucun produit d’origine chimique ne doit être utilisé, qu’il s’agisse des engrais ou des traitements contre les maladies. Seuls quelques produits d’origine naturelle sont autorisés. Il en est ainsi de la bouillie bordelaise (cuivre) et du soufre. 4 kg de cuivre maximum sont autorisés à l’hectare, 3 kg seulement en biodynamie. En année normale, 2 kg/ha suffisent. La certification n’intervient qu’au terme de 3 années de conversion, après un important travail du sol. La conversion en bio concerne toutes les parcelles de l’exploitation. C’est tout ou rien. Suite à des labours auxquels elles ne sont pas habituées, les vignes souffrent les premières années, elles doivent s’enraciner plus profondément. Cette pratique bio ne s’apprend généralement pas à l’école d’agriculture, bien au contraire souvent, le lobby conventionnel étant puissant et très conservateur. Chaque vigneron a ses propres méthodes de travail. Pour certains par exemple : une rangée de labour et une rangée d’herbe ou de mélange de plantes. En mode bio, le coût de la main d’œuvre est doublé, mais le gain sur le non achat de produits chimiques n’est pas négligeable. Il faut se servir de la pioche, comme les anciens. Tout ce surplus de travail a pour conséquence inévitable d’augmenter le prix de revient de la bouteille de vin. Un vin bio n’est pas forcément meilleur au goût qu’un vin traditionnel, mais il est garanti sans chimie, sans nocivité pour la santé. La présence de vignes conventionnelles traitées à la chimie à proximité de parcelles bio interdites de chimie est un vrai problème. Il faut cohabiter et trouver des arrangements avec les voisins quand c’est possible. Exemple d’arrangement: le vigneron bio propose au viticulteur voisin de travailler lui-même deux rangées contigües à ses parcelles et ce gratuitement, évitant ainsi la dispersion de produits chimiques en bord de vigne bio. Certains matériels de pulvérisation anciens ne sont plus adaptés et génèrent encore la dispersion de particules toxiques sur les vignes voisines, mais aussi dans l’air que nous respirons tous. Des contrôles très stricts et payants sont effectués chaque année, par des experts privés, pour garantir la certification bio. Pour les vignes conventionnelles, aucun contrôle n’est prévu. C’est un coût supplémentaire de l’ordre de 100 euros par hectare bio, chaque année. Alors que la société civile se soucie de plus en plus de manger « propre », le monde agricole est conservateur et campe bien souvent sur ses positions. Une telle situation ne pourra pas durer, le consommateur ayant toujours raison à terme.

5- Et la biodynamie ?

Elle utilise l’impact des astres, utilise le calendrier lunaire. Pour redonner au cep la force de contrer la maladie, il lui est administré, à dose homéopathique, des décoctions à base de plantes, de la bouse de corne, de la silice. La pulvérisation s’effectue à la main et un label spécifique est attribué.

6- Réutilisation des chevaux ?

Le travail avec un cheval n’a rien d’anecdotique ni de farfelu. Bien au contraire. Au niveau du sol, l’effet est bénéfique, le tassement est faible. La vie du sol s’en trouve considérablement améliorée. Mais cela a un coût supplémentaire important. En mâconnais, on commence à trouver des prestataires de ce service.

7- Actualité : traitement de la flavescence dorée.

En 2022, pour la première fois, la commune d’Igé est touchée sur sa partie nord, par cette maladie provoquée par un insecte. Si seulement « 17 » ceps de vigne ont été identifiés comme malades sur la commune d’Igé, il y aura obligation préfectorale de traiter 90 ha, en 3 pulvérisations au cours de l’été, avec des produits très toxiques, organochlorés et organophosphorés. Pour les vignes bio, un seul produit naturel est autorisé, mais coûte dix fois plus cher et est moins efficace. Le maire confirme le problème et l’obligation de traiter. Il va se rapprocher des professionnels pour comprendre les tenants et aboutissants. N’y aurait-il pas moyen de traiter seulement la proximité des plants malades, comme cela a été essayé ailleurs? La population va être informée par la municipalité de cette situation déplaisante. Il pourrait être judicieux que la municipalité profite de ces réunions d’information pour qu’un débat population-viticulteurs s’instaure et que les uns et les autres puissent s’expliquer et essayer de se comprendre. C’était d’ailleurs une proposition faite par écrit par notre association aux candidats aux municipales en 2020.

8- En conclusion :

Nous avons été particulièrement intéressés par les réponses et commentaires clairs et précis de nos 4 intervenants. A l’issue de cette réunion, il nous est clairement apparu que la viticulture bio pourrait être l’avenir de la viticulture. La viticulture bio nécessite un travail plus attentif, plus intense, une surveillance constante des vignes et des sols, une augmentation sensible de la main d’œuvre et corrélativement du prix de vente de la production, d’environ 35%. Mais d’une part, elle évite notamment l’utilisation de produits chimiques, qui menacent la santé et la vie des viticulteurs et riverains, et d’autre part garantit la qualité sanitaire de la production, ce qui correspond à la demande en progression des consommateurs

 

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